Je vous remets l'ensemble des contes en version livre :
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Contes pour la veillée de Noël
À lire au coin du feu
Par Muriel Jorry
Contes pour la veillée de Noël
À lire au coin du feu
Petits et grands (ayant gardé votre âme d’enfant), voici la formule magique pour se laisser porter dans l'univers merveilleux des contes d'hiver et de Noël :
Un brin de mystère,
Une once d'aventure,
Un soupçon de magie
Et une énorme dose de joie !
Bonne lecture.
Nora Noël :
Il faut tout d’abord me présenter : je suis Muriel, une assistante du Père Noël !
Chaque année, en décembre, je voyage jusqu’à son village situé au pôle nord pour y préparer la fête de Noël. Là-bas, j’ai appris des histoires fabuleuses et j’ai fait la connaissance d’animaux fantastiques comme Rudolph et Céleste mais aussi de personnes merveilleuses telles que Nicolas, Jack ou encore Nora. Mais savez-vous qui est Nora … ? Ne laissons pas planer le mystère plus longtemps :
Nora est l'épouse du Père Noël. C'est une adorable grand-mère aux joues roses et aux cheveux blancs comme la neige. Elle est toujours d'humeur joyeuse et aime cuisiner de bons cookies pour son mari, pour les lutins et pour les rennes aussi car ils sont très gourmands et ne mangent pas que des carottes et des radis.
Nora et son mari le Père Noël se sont rencontrés il y a bien longtemps à l'époque où ce dernier commençait tout juste son métier. Il était très jeune et pas encore aussi gros qu’aujourd’hui. Sa barbe était claire mais beaucoup plus courte et il ne distribuait des cadeaux que dans les villages de Laponie autour de chez lui car ses neuf rennes ne volaient pas encore et n'emportaient pas le traîneau dans le ciel. Et de toute façon, il n'aurait pas eu le temps de traverser le
monde entier pour faire sa distribution. Une seule nuit ne suffit pas !
Mais, tout cela allait bientôt changer car le Père Noël avait pour ambition d'apporter un cadeau à chaque enfant sur terre…
Réfléchissant à la façon dont il pourrait s'y prendre, il eut bientôt l'idée de consulter le vieux sage du temps qui habitait tout près du village du pôle nord. Sa maison ressemblait à une grande horloge et
un sablier était dessiné sur la porte en bois de l'entrée.
Il frappa trois coups secs. À sa grande et agréable surprise, c'est une jeune femme toute ronde aux yeux clairs et aux cheveux blonds comme les blés qui se présenta sur le seuil de l'entrée.
- Bonjour, lui dit-il. Je suis Monsieur Noël et je viens voir Monsieur Temporis.
- Oui, il est là, c'est mon père, répondit la jeune femme.
Du fond du couloir apparut alors un vieux Monsieur vêtu d'une longue tunique bleue sombre brodée de petits cadrans dorés. Son visage était très ridé et il avait une barbichette grise (il ressemblait un peu au Père Fouras pour ceux qui connaissent Fort Boyard). Le Père Noël se présenta et expliqua son projet au vieil homme qui trouva tout de suite une première solution :
- Eh bien mon cher, lui dit-il, pour ce qui est de la durée de la nuit de Noël, c'est très simple. Je vais vous fabriquer une montre à gousset qui vous permettra de ralentir les heures et vous aurez ainsi largement le temps de déposer des cadeaux à tous les
enfants. Revenez me voir dans quelques jours. Elle sera prête et je vous montrerai comment l'utiliser.
Rendez-vous fut pris pour le mercredi suivant et tandis que les deux hommes décortiquaient le mécanisme de la montre magique, une jolie voix de pinson se mit à chanter dans la pièce d'à côté. Tout à coup, il y eut un bruit d'explosion "BOOM". Stupéfait, le Père Noël s'écria :
- Qu'est-ce que c'était ?
- Pas d'inquiétude, répondit Monsieur Temporis. C'est ma fille Nora qui travaille dans son laboratoire. Mais vous la connaissez puisque qu’elle vous a ouvert la porte l’autre jour.
Nora venait juste d'être nommée magicienne pour la fabrique des potions et elle préparait toutes sortes de fabuleux élixirs comme le sable d'or pour que le marchand endorme les petits et la poudre de lune dont la fée des neiges avait régulièrement besoin.
En tant que jeune chimiste, ses mélanges étaient quelquefois maladroits et se terminaient parfois en explosions ! Ce qui venait d'être le cas. Elle sortit de son laboratoire avec la figure barbouillée de noir.
- Je crois que j'ai fait un mauvais mélange ! Mais j'y arriverai ! assura-t-elle. Lorsqu'elle vit que le Père Noël était ici et la regardait amusé, elle fila vite nettoyer son visage. Un peu gênée, elle revint pour lui dire bonjour. Elle avait retrouvé ses jolies couleurs et ses joues devinrent rouge coquelicot en le saluant.
Monsieur Temporis présenta les deux jeunes gens et en profita pour demander conseil à Nora car, si le problème du temps de distribution était résolu, il restait à trouver comment faire pour traverser les mers et les océans avec un traîneau et neuf rennes…
Nora, se mit à réfléchir à haute voix :
- J'ai peut-être une solution mais j'ai besoin d'un peu de temps.
Elle s'enferma plusieurs jours dans son officine pour tester différentes poudres auxquelles elle ajouta des liquides bizarrement colorés et des concoctions de sa fabrication fortement parfumées. Un matin elle s'écria :
- Hourra ! J'ai trouvé !
Aussitôt, elle fila chez le Père Noël qui fut ravi de l'accueillir !
- Voici, expliqua-t-elle. J'ai réussi à faire une pommade à base de crème de flocons de neige et de poussières d'étoiles. Frottez-en un peu sur le museau des rennes et ils deviendront aussi légers que des plumes. Cela vous permettra de faire voler le traîneau.
Le Père Noël sauta de joie et donna un tendre baiser à Nora. De ce jour, ils ne se quittèrent plus. Bientôt ils se marièrent et s'installèrent dans une très grande maison. Depuis cette belle rencontre, ils vieillissent ensemble amoureux comme au 1er jour.
Chaque nuit de Noël, avant le départ du traîneau, c’est Nora qui frotte le museau des rennes de pommade magique pour les faire voler. Puis elle accompagne le Père Noël dans son merveilleux voyage autour du monde. C’est l’unique nuit de l’année où le marchand de sable peut prendre un peu de repos car c’est Nora qui se charge de veiller sur le sommeil des petits en parsemant du sable d'or fin sur leurs oreillers pour qu’ils passent une douce nuit.
Le 1er sapin de Noël
Savez-vous quelle est l’origine du premier sapin de Noël ? Voilà son histoire :
Cela se passe dans le grand nord canadien, il y a plus de 200 ans. À cette époque, il y avait un charmant village entouré d’une forêt d’immenses sapins. Perdu au milieu de ces grands arbres, un tout petit sapin d’un beau vert sombre ne pouvait jamais voir le ciel, ni le jour, ni la nuit. Ce petit bonhomme, haut comme trois pommes, avait peur car il savait que les bûcherons du village venaient souvent couper du bois lorsque l’hiver et la neige étaient installés. Et il savait qu’un jour ça serait son tour de finir dans un feu de cheminée. Il se consolait en se disant que c’était pour le bien d’une famille qui, grâce à lui, ne mourrait pas de froid.
Bientôt, les grands sapins voisins furent coupés et l’arbuste se retrouva seul dans la plaine. N’ayant plus personne à ses côtés lui cachant la vue, il découvrit pour la première fois de sa vie le ciel bleu limpide éblouissant de soleil. Lorsque le soir fut venu, il ouvrit grands ses yeux devant le merveilleux spectacle de milliers d’étoiles constellant le ciel hivernal. Elles étaient incroyablement belles, plus brillantes que des cristaux de neige fraîche.
Et, comme elles scintillaient de tous leurs feux, il ne résista pas à les appeler :
- Eh oh ! Eh oh ! Eh oh ! Jolies étoiles vous m’entendez ?
Un peu surprises au début, les étoiles furent très vite ravies d’avoir de la compagnie. Petit sapin, quant à lui, ne se sentait plus seul et pouvait bavarder toutes
les nuits avec ses nouvelles amies. Jusqu’au petit matin ils se racontaient les plus folles histoires, rêvant tous à de grandes aventures.
Mais, arriva bientôt le vent soufflant du Nord, signe que l’hiver se durcit et que les fêtes de fin d’année approchent. Les hommes du village viendraient certainement sans tarder. Et il avait raison, le petit sapin, car à la veille de Noël, et tandis que la nuit l’enveloppait doucement, il entendit les bûcherons arriver au loin. Le cœur gros, il appela ses amies pour la dernière fois.
Les petites étoiles si attristées du départ de leur cher sapin descendirent alors du ciel en ballet léger et féérique pour l’embrasser. Elles se posèrent bientôt sur ses branches et la plus grosse des étoiles (que l’on appelle l’étoile du berger) s’accrocha sur sa cime. En un instant, le petit sapin était devenu éclatant de lumière d’or et d’argent. Lorsque les bûcherons arrivèrent quelques minutes plus tard, ils furent éblouis par tant de beauté et touchés par cette vision magique ils n’eurent pas le cœur à couper le petit sapin.
Depuis ce jour, les gens du village décidèrent de se chauffer d’une autre façon. Plus question de couper les arbres ! Certaines personnes, très ingénieuses, inventèrent une machine fournissant de la
chaleur dans toutes les maisons grâce à une large hélice entraînée par le vent. Puis ils replantèrent des sapins dans toute la forêt.
Dès le Noël suivant, l’habitude fut prise de décorer les arbres du village de papiers irisés faisant tout étinceler. Le petit sapin, quant à lui, fut amené sur la place principale du village pour devenir le roi des sapins. Et chaque année, il est le plus magnifique puisque le 24 décembre au soir, les étoiles descendent des cieux pour l’illuminer.
Céleste et Nicolas
Je vais maintenant vous parler d’un de mes amis prénommé Nicolas. On se connait bien car on se retrouve régulièrement chez le Père Noël. Il y a quelques années, il m’a raconté son histoire.
Nicolas est un monsieur au visage enfantin avec une barbichette gris clair. Avant de devenir un assistant du Père Noël, il était confiseur et pâtissier dans un petit village de montagne en Russie. À l’époque où se passe cette histoire, il vivait dans une maisonnette où il avait aménagé un coin équipé d’un four à bois dans lequel il cuisinait toutes sortes de délicieuses friandises aux formes variées et aux couleurs vives : Des pâtes de fruits, de fins chocolats recouverts de sucre glace, de la guimauve, des gâteaux à la noisette, des caramels, des cannes à sucre et du pain d’épices.
Chaque dimanche, il allait sur le marché de la grande ville voisine pour y vendre ses délicieuses préparations. C’est Céleste sa gentille vieille jument qui portait, dans un panier fixé sur sa selle, le précieux chargement. Céleste avait un pelage brun foncé avec quelques reflets gris dus à son âge.
Chaque année, lorsque la fête de Noël approchait, Nicolas s’arrangeait toujours pour fabriquer un surplus de friandises à offrir aux petits enfants sans sous.
Un jour de novembre à la fin du marché, Céleste et Nicolas furent surpris par une forte tempête sur le chemin du retour. Au début, ce n’était que quelques flocons virevoltants mais bientôt le vent se mit à souffler en violentes rafales.
Il faut dire que Jack le gel venait de passer par là ! Jack est un sympathique lutin du Père Noël chargé de faire souffler le vent d’hiver et de répandre la neige et le givre sur terre. Il arpente les chemins avec son bâton composé de milliers de perles d’eau glacée qui lui sert de baguette magique. Il lui suffit de l’agiter légèrement pour qu’apparaissent la neige ou de la secouer très fort pour faire éclater une tempête. Mais Jack, un brin rêveur et souvent très étourdi avait déclenché la tempête sans même avoir vérifié que l’endroit était désert.
Nicolas et la vieille jument avançaient péniblement jusqu’au moment où Céleste, gagnée par la fatigue, s’arrêta.
- Céleste, supplia Nicolas, il ne faut pas t’arrêter maintenant. La maison n’est plus très loin.
Mais la pauvre jument, épuisée, tomba, les quatre genoux au sol. Nicolas ne savait quoi faire lorsqu’il distingua vaguement une cavité creusée dans la roche de la montagne. De toutes ses forces il aida Céleste à se relever afin de l’abriter dans cette minuscule caverne. La vieille jument rentrait tout
juste et sa tête dépassait au dehors.
- Reste là ma douce. Je cours à la maison chercher des couvertures pour te réchauffer et du foin à manger en attendant que la tempête s’arrête. Je te sortirai de là. Garde courage.
Il embrassa le museau froid de Céleste et couru aussi vite que possible au village. Bientôt revenu, il lui fut difficile de la retrouver car la neige était beaucoup tombée pendant sa courte absence et avait réussi à pénétrer dans la caverne. Lorsqu’il la vit enfin, elle était endormie et recouverte d’une fine couche de neige.
- Céleste, réveille-toi, lui dit-il.
Mais la pauvre bête ne se réveillait pas. Nicolas posa sa joue contre le front de l’animal et de grosses larmes tièdes roulèrent sur son pelage glacé. Le sel des larmes gela formant de gros cristaux transparents. Et le vent qui soufflait encore très fort mélangea l’eau des larmes aux cristaux de sel et aux flocons de neige tombant du ciel. En quelques minutes, tout s’était entortillé en tourbillonnant pour former une corne aussi étincelante que du diamant sur le front de Céleste.
Jack le lutin qui avait entendu des pleurs comprit rapidement qu’il y avait un problème. Et c’est en voyant Nicolas et Céleste qu’il eut conscience de sa négligence. Agissant très vite sans prendre le temps de se présenter, il agita sa baguette avec une infinie douceur pour sauver Céleste. Mais lorsqu’on fait usage de la magie sur un animal ordinaire et bien il devient extraordinaire et c’est comme cela que Céleste est devenue une licorne. Son pelage figé dans la glace resta à jamais blanc pailleté et la corne translucide formée sur sa tête resta à jamais étincelante.
Nicolas, resté bouche bée devant ce qu’il venait de voir, caressa Céleste devenue une majestueuse licorne, puis il se tourna vers Jack pour lui poser mille questions. Ce dernier lui expliqua tout : son rôle de lutin, le travail du Père Noël, l’atelier dans le village du pôle nord, les rennes… enfin absolument tout !
Maintenant que Nicolas est dans la confidence pensa Jack, il reste une seule chose à faire : lui proposer de devenir, lui aussi, un assistant du Père Noël. Nicolas accepta avec la plus grande joie et devint le confiseur et pâtissier en chef du pôle nord. Depuis ce jour, chaque nuit du 6 décembre (à la St Nicolas), il part distribuer des friandises aux enfants du monde entier afin de les faire patienter jusqu’à Noël. Il chevauche alors sa licorne magique et lorsqu’elle galope à vive allure des flocons tombent de son pelage blanc soyeux. C’est donc Céleste qui, avant Jack, offre les premiers flocons de neige de la saison afin que Noël soit blanc.
Comment le nez de Rudolph est devenu rouge…
Connaissez-vous le nom des rennes du Père Noël ? Il y a : Fringant, Danseur, Tornade, Furie, Comète, Cupidon, Tonnerre, et Eclair. Ce qui fait 8 … mais y en a un 9ème qui s’appelle « Rudolph au nez rouge ». Et savez-vous pourquoi il a le nez rouge brillant qui éclaire la nuit ? Moi je sais, voulez-vous que je vous raconte ? Eh bien ! Voilà :
Rudolph est né, il y a bien longtemps, dans une forêt de Finlande. Dans ce lointain pays du Nord, la saison d’hiver est très rude et les nuits y sont longues. Durant cette période froide, les jeunes rennes restent au chaud près de leurs parents mais Rudolph s’ennuyait et voulait partir à l’aventure. Tout l’hiver, il avait rêvé de courir dans l’herbe verte et s’imaginait gambader en compagnie des papillons. C’est pourquoi, lorsqu’arriva le printemps et avec l’autorisation de ses parents, il partit enfin à la découverte de la forêt.
Très vite, il rencontra toutes sortes d’animaux avec qui il sympathisa : des marmottes, des loups, des hiboux, d’autres rennes (dont ceux du Père Noël) et surtout une famille d’adorables lucioles d’une belle teinte rouge.
Au cœur de cette immense forêt, vivait aussi, tapi au fond d’une grotte, un très vieil ours qui connaissait le monde entier car il avait beaucoup voyagé. Tous les jeunes animaux aimaient à se retrouver devant sa caverne le soir venu pour l’écouter raconter ses histoires.
Captivé par les récits passionnants de Monsieur Grizzly, Rudolph s’installait toujours au premier rang afin de ne pas en perdre une miette. Et ses minuscules amies lucioles venaient s’étendre sur son museau, endroit idéal pour pouvoir, elles aussi, écouter le vieil ours.
Le printemps et l’été passèrent ainsi, mêlant longues promenades et belles histoires puis les feuilles commencèrent à jaunir et l’automne s’installa. Rudolph avait bien grandi pendant ces quelques mois de beau temps et était devenu un magnifique renne au pelage brun soyeux. Mais… on commençait à le reconnaître de loin. Et pourquoi, à votre avis ? Oui, parce que les petites lucioles, à force de se percher sur non museau, avaient laissé de la poudre rouge lumineuse qui faisait briller son nez tel une lanterne.
Au début, beaucoup d’animaux se mirent à rire de lui, le trouvant ridicule avec son nez éclairant la nuit. Le pauvre Rudolph pleura souvent, ne comprenant pas qu’on se moque de sa différence. Mais un jour tout changea… C’était précisément à la veille de Noël 1952.
Ce soir-là, un peu avant le départ du Père Noël,
une tempête infernale éclata et le vieux bonhomme rouge se trouva bien contrarié. Sa tournée s’annonçait difficile, voire impossible. En effet, on ne voyait pas à trois mètres, tant les chutes de neige et les bourrasques de vent étaient fortes. Comète, l’un des rennes conduisant le traîneau, eut alors l’excellente idée de faire appel à Rudolph.
C’est ainsi que le petit renne au nez rouge lumineux se retrouva en tête de l’attelage et put guider le Père Noël pour son long périple autour du monde. Grâce à lui, la distribution de cadeaux fut sauvée et il en fut récompensé en devenant le premier renne du Père Noël.
Après cela, plus personne ne songea à se moquer de lui. Et si, la nuit de Noël, vous voyez dans le ciel un petit point rouge lumineux qui se déplace à grande vitesse, c’est probablement Rudolph.
Flocon et Barnabé
Chaque année, quelques semaines avant Noël, le Père Noël fait un petit tour de traîneau autour du monde pour mettre à jour sa carte du ciel. Il y a quelques années il est venu en Bretagne avec son fidèle Rudolph, le renne au nez rouge. Ils tournèrent, virèrent sur les boulevards et les avenues des grandes villes puis dans les ruelles des petits villages jusqu’à finir par s’égarer dans une impasse.
- Ah flûte ! s’écria le Père Noël. On s’est trompé ! On va s’arrêter pour remettre à jour le plan de vol.
Pour corriger tranquillement la carte, il fit atterrir le traîneau, sans bruit, sur le toit d’un grand bâtiment ressemblant à une étable. Il descendit, posa bon bonnet, prit son stylo à plume et commença à tracer un nouvel itinéraire. Très concentré sur son travail il ne vit pas qu’une petite chose blanche se logeait sur son bonnet. Une fois sa tâche achevée il remit son chapeau et remonta dans son bolide.
- Oh ! je dois être fatigué, dit-il à Rudolph Je trouve mon bonnet bien lourd tout d’un coup. Le jour se lève, il est temps de rentrer à la maison.
Sans se poser d’avantage de questions, il tira un léger coup sec sur le harnais de Rudolph qui reprit son vol. Arrivé à la maison, le Père Noël embrassa Nora, son épouse, qui venait juste de se réveiller. Il ôta son manteau et son bonnet qu’il lui confia. C’est alors qu’elle poussa un cri de surprise.
- Ah ! mais qu’est ce que c’est que cette boule de poils ?
Interloqués, ils découvrirent qu’un adorable chaton s’était lové dans les replis du bonnet. Il était si petit et si touffu qu’on le confondait avec la fourrure.
- Oh ! mais d’où viens-tu toi ? dit le Père Noël. Tu n’habites pas ici que je sache.
Quelque chose brillait à son cou. C’était un collier auquel était accrochée une médaille. Le Père Noël la souleva pour lire à haute voix :
- Adoptez-moi. Je me prénomme Flocon et je viens du refuge St Bernard. Ah ! mais c’est là que nous étions arrêtés tout à l’heure. On dirait que tu cherches une famille. Si tu veux rester ici pour l’instant, tu es le bienvenu.
Pour toute réponse, le chaton miaula, s’étira et bailla. Semblant se trouver à son aise, il alla se rouler en boule près du feu de cheminée et s’endormit.
Au même moment, à l’autre bout du village où vit le Père Noël, un jeune garçon de 7 ans prénommé Barnabé se réveillait en bougonnant. Il faut dire que la famille de Barnabé était assez spéciale et habitait une maison fort peu accueillante ! Chez Monsieur et Mme Fouettard, point de jolies fleurs pour orner les fenêtres
au printemps ni de belles guirlandes colorées pour décorer la façade à Noël. Non, la maison était toujours mal entretenue avec des plantes carnivores pour vous accueillir dans l’allée. Et que dire des occupants… désagréables, toujours à ronchonner pour un oui ou pour un non et à se réjouir du malheur des autres. Barnabé était un enfant capricieux qui ne voulait jamais aller au lit et se régalait à jouer des mauvais tours. A l’école, il copiait, trichait et mentait à tout va. Mais, la suite des évènements allait faire changer Barnabé et sa famille…
Deux jours à peine après son arrivée, Flocon le chaton blanc, fit un petit tour dans le village. Grimpé sur un arbre, il observait lorsqu’il vit Barnabé occupé à crever un ballon qu’une fillette avait laissé tomber dans son jardin. Il le suivit discrètement toute la journée et comprit vite que ce gamin avait besoin d’une bonne leçon ! Tout commença le lendemain lorsque Barnabé entra dans la boulangerie. Sans même dire bonjour, il exigea une baguette bien cuite et pendant que la boulangère avait le dos tourné pour le servir, il plongea la main dans l’énorme bocal de friandises pour les chiper.
- Aïe ! cria-t-il !
Quelque chose au fond du bocal l’avait griffé ! Tout penaud et les larmes aux yeux il sortit de la boutique sans même prendre son pain.
Arrivé à l’école, comme à son habitude, il bouscula les autres élèves avant de s’asseoir à sa place. Puis il commença à copier sur son voisin. Mais, au moment où il avait la tête tournée pour mieux épier, une agile petite patte blanche cachée dans le tiroir du bureau renversa l’encrier sur sa feuille. L’encre étalée sur le cahier rendait le devoir illisible ce qui lui valut un zéro !
En sortant de classe, Barnabé passa chez Mme Frousse, la libraire, pour récupérer un livre. Dès que la vieille dame s’enfonça dans l’arrière boutique, il attrapa un bouquin pour en déchirer les pages. Mais avant qu’il ait eu le temps de commencer, un énorme livre très lourd lui tomba sur la tête en l’assommant à moitié !
Et cela dura des jours et des jours. Barnabé se posait bien des questions… Fatigué, il commença à faire de sérieux efforts pour changer de comportement. Et lorsqu’il se décida à devenir enfin raisonnable, Flocon montra le bout de son nez et le suivit jusqu’à sa maison. C’était la première fois que Barnabé voyait un aussi joli petit animal et tomba sous son charme immédiatement. Mais il ne fut pas le seul, car Monsieur et Madame Fouettard, ses parents, eurent la même joie en accueillant ce matou demandant des câlins et ronronnant aussi fort qu’un moteur de camion. Cela prouve qu’un gentil petit animal peut attendrir les cœurs les plus endurcis.
Le Père Noël, leur laissa adopter le chaton, ravi qu’il ait trouvé un foyer aimant et désormais chaleureux. Depuis ce jour, Barnabé qui rechignait toujours pour aller se coucher ne fit plus jamais de
caprice. Il appréciait la compagnie de Flocon qui couché sur l’oreiller ronronnait pour le bercer. La nuit de Noël, depuis que la maison de la famille Fouettard est calme, le Père Noël peut déposer discrètement un cadeau, désormais mérité, pendant le sommeil de Flocon et du petit garçon.
Le Père Noël a des soucis !
Vous savez tous comment fait le Père Noël pour distribuer ses cadeaux ? Oui, il passe par la cheminée. Pourtant, il y a bien longtemps, lorsqu’il a débuté dans son métier, il ne passait pas par le toit mais par la porte comme tout le monde. Et pour cela il avait l’aide de son lutin serrurier qui l’accompagnait pendant la distribution. Un jour, c’était à l’époque où ma grand-mère était petite fille, le lutin tomba malade à la veille de Noël.
Firmin, le lutin serrurier, avait attrapé un énorme rhume et éternuait sans arrêt. Atttchouumm ! Il ne pouvait évidemment pas accompagner le Père Noël pour son voyage et, comme il n’avait pas de remplaçant, il fallut se réunir rapidement pour trouver au plus vite une solution.
Le Père Noël et tous ses lutins se creusèrent la tête un long moment, lorsque Cléa, le korrigan de Bretagne, eut une excellente idée :
- Il faut passer par la cheminée ! s’écria-t-il.
- Fort intéressant, pensa le Père Noël ! C’est pratique, rapide et facile sauf que… sauf que s’il y a encore du feu, je vais me brûler, s’exclama-t-il !
Alors le petit korrigan proposa d’emporter
de l’eau car c’est parfait pour éteindre les flammes sauf que… sauf que lorsqu’il fait froid l’eau gèle… Que faire, alors ?
Chacun reprit sa réflexion en se grattant la tête. Tout à coup, le vieux bonhomme rouge se leva et dit :
- Il nous faut tout de suite demander de l’aide au marchand de sable, je suis certain qu’il aura une solution.
Aussitôt dit, aussitôt fait. En quelques instants, le Père Noël et ses amis arrivèrent chez le marchand de sable qui dormait profondément. Il fallut le réveiller en toute hâte pour lui expliquer la situation. Le marchand de sable bâilla, s’étira et dit :
- C’est simple, je vais vous donner un sac de sable d’or. Il suffira d’en lancer du haut de la cheminée pour étouffer les flammes.
- Parfait, répondit le Père Noël avec enthousiasme. Un grand merci pour votre aide. Maintenant, je suis prêt à partir.
Puis il s’arrêta net et s’écria :
- Ah ! Il y a un autre problème ! Et de taille !
Tous les lutins se tournèrent vers lui se demandant bien quel pouvait être ce problème.
- Voyez-vous, je suis un peu gros et je ne passerai jamais par le conduit de cheminée qui est trop étroit ! Il faudrait que je maigrisse beaucoup, beaucoup, beaucoup, beaucoup…Or, il ne reste plus qu’une heure avant le grand départ.
- Pourquoi ne pas demander de l’aide à la fée des neiges ? lui répondit Cléa le korrigan, qui n’était jamais à court d’idée.
Aussitôt dit, aussitôt fait. Pas plus de deux minutes suffirent pour arriver jusqu’à son palais de glace. À cette heure, elle était enfermée dans son laboratoire et fabriquait des flocons qu’elle prévoyait d’envoyer sur terre le lendemain matin. Ainsi, les enfants, en se réveillant, découvriraient un magnifique tapis neigeux dehors.
Le Père Noël frappa à la porte : Toc, toc, toc !
- Entrez ! répondit la fée de sa voix douce.
Comme un peu plus tôt dans la soirée, il expliqua la situation. La jolie dame ouvrit alors une armoire de bois sculptée et fouilla parmi une multitude de fioles colorées soigneusement rangées sur de grandes étagères.
- Tenez, Père Noël, dit-elle. Voici de ma précieuse poudre de lune qui a le pouvoir de rapetisser les gens et les objets. Il vous suffira d’en saupoudrer un peu sur votre bonnet et sur votre hotte pour devenir tout petit.
- Oh ! Un grand merci pour votre aide ! Maintenant, je vais pouvoir passer facilement par la cheminée.
Là-dessus, il embrassa sur la joue la fée qui devint rouge comme un coquelicot. Revenu au Pôle nord, il chargea le sable d’or dans sa hotte, parsema de la poudre de lune sur le traîneau, les rennes, et enfin sur lui-même et devint immédiatement aussi petit qu’une souris. Puis il démarra à toute allure.
Et c’est depuis ce jour qu’on appelle le père Noël : « Petit Papa Noël ! »
La bêtise de Jack le gel :
Jack fait partie de l’équipe des lutins du Père Noël qui font tomber sur terre le froid, les flocons poudrés qui recouvrent les toits, la grêle parfois et il dessine aussi le givre d’argent sur les fenêtres. C’est un gentil petit bonhomme aux yeux bleus malicieux et à la chevelure de glace scintillante. Sa figure est pleine de joie pétillante mais il a la fâcheuse tendance à faire des plaisanteries qui tournent mal quelquefois.
À la veille du grand jour de Noël, il y a 5 ou 6 ans de cela, il eut la regrettable idée de répandre la gelée juste devant la porte d’entrée de la maison du Père Noël. Evidemment, lorsque celui-ci sortit, il ne manqua pas de glisser et fit une lourde chute sur le sol froid. Il se releva péniblement en se frottant le derrière.
- Ouille ouille ouille !
Jack, qui s’était caché derrière le panneau d’entrée du village du Pôle Nord, éclata de rire. Mais Papa Noël, lui, ne riait pas du tout ! Il attrapa par le pied ce petit malin de Jack qui tentait de s’enfuir et le gronda.
- Te rends-tu compte que j’aurais pu me blesser ou me faire très mal ! Je te conseille d’arrêter de faire ce genre de mauvaise plaisanterie car un jour tu pourrais bien le regretter !
Jack, tout gêné s’entortilla les doigts en regardant le bout de ses chaussures. Il allait ouvrir la bouche pour s’excuser quand le Père Noël s’écria :
- Oh non, ce n’est pas vrai ! En tombant, ma
montre à gousset magique qui était dans ma poche de pantalon, s’est cassée ! Regarde, elle est en tout petits morceaux ! C’est une catastrophe !
Jack savait que cette montre était indispensable au Père Noël puisqu’elle permettait de ralentir le temps pendant la nuit de Noël afin de pouvoir distribuer les cadeaux dans le monde entier. Désemparé et très ennuyé il dit :
- Mais je pourrais peut-être la réparer ?
- Non, tu ne le peux pas répondit Nora la Mère Noël qui avait tout vu et tout entendu depuis sa fenêtre. La seule personne qui puisse la réparer c’est Monsieur Temporis.
- Mais qui est-ce ? interrogea Jack.
- C’est mon père lui répondit Nora. C’est le vieux sage du temps qui fait s’écouler les heures, les jours, les mois et les années.
- Et il m’a offert cette montre il y a bien longtemps reprit le Père Noël. Jack, si tu veux vraiment m’aider, il te faut lui mener la montre tout de suite. Nora va te montrer le chemin pour le trouver. Va vite la retrouver à l’intérieur.
Il entra dans le grand salon de la maison. Nora
prit le lutin par la main et l’emmena jusqu’à la grande horloge qui trônait en plein milieu de la pièce. Avec une clef d’argent elle ouvrit le battant. Devant les yeux ébahis de Jack apparut alors un escalier montant vers le ciel et dont les marches brillaient comme des diamants.
- Va Jack, lui dit Nora. En haut, frappe à la porte et demande à voir Monsieur Temporis.
- Oui, je file comme l’éclair.
Au fur et à mesure de la montée, l’escalier
disparaissait dans un scintillement d’étoiles. Arrivé devant la grande porte il tambourina sur le bois avec énergie. Mais pas de réponse… Au bout de quelques instants un sablier sculpté sur le bois se retourna et le battant s’entrouvrit. Un beau hibou tout blanc montra le bout de son bec et regarda Jack.
- Que veux-tu mon jeune ami ?
- Je dois voir Monsieur Temporis pour qu’il répare la montre magique du Père Noël.
- Ah mais il n’est pas là ! La nouvelle année arrive bientôt et il est en voyage pour tout préparer.
Jack, déçu se mit à pleurer. Le gentil oiseau nommé Cassiodore se posa sur son épaule.
- Ne pleure pas, je vais aller le chercher mais ça pourrait être long. Si tu as un peu de patience, attends-moi ici.
Jack, rassuré, sécha ses larmes et promis d’attendre sagement pendant que Cassiodore partait chercher le vieil homme du temps.
Après de longues heures, le hibou revint au logis avec son maître à qui il avait tout expliqué. Le vieil homme salua rapidement le lutin et se pressa de tout préparer. Il demanda à Jack de l’aider et il se rendit utile en choisissant les engrenages avec soin, aidant à ajouter des ressorts, à resserrer les vis à ajuster les aiguilles et polir le cadran. Bientôt il y eut un cliquetis puis un léger tic-tac. Jack sauta de joie ! La montre fonctionnait et brillait comme un sou neuf !
- Comment puis-je vous remercier Monsieur Temporis ?
- Ce n’est pas nécessaire mon petit. Promets-moi juste d’arrêter les bêtises.
Jack promit et courut vers l’escalier magique. Nora et son époux soupirèrent de soulagement en le voyant revenir. Le Père Noël serra chaleureusement Jack dans ses bras et lui dit :
- Je ne t’en veux pas car nous faisons tous des erreurs. L’important c’est de le reconnaître et de réparer le mal qui a été fait.
Lorsque le traîneau s’envola, Jack heureux d’être pardonné repartit à la tâche en chantant et prépara des cristaux givrés et fit souffler le vent d’hiver.
Vive le vent, vive le vent, vive le vent d’hiver
Contes de Muriel JORRY.
Illustrations d’après des photos de Pères Noël de collection de l’auteur.
Née un 24 décembre (je ne dirai pas de quelle année par coquetterie), je suis, depuis de nombreuses années, une assistante du Père Noël. J’écris, je conte et je chante pour le plaisir de voir briller les yeux des petits mais aussi des grands qui souhaitent retrouver la magie de Noël.
http://muriel-assistante-du-pere-noel.blogspot.comLivre imprimé en mai 2019 chez Bis répétita à St Grégoire (35)
Contes pour la veillée de Noël
À lire au coin du feu
Il faut tout d’abord me présenter : je suis Muriel, une assistante du Père Noël !
Chaque année, en décembre, je voyage jusqu’à son village situé au pôle nord pour y préparer la fête de Noël. Là-bas, j’ai appris des histoires fabuleuses et j’ai fait la connaissance d’animaux fantastiques comme Rudolph et Céleste mais aussi de personnes merveilleuses telles que Nicolas, Jack ou encore Nora…
Petits et grands (ayant gardé votre âme d’enfant), voici la formule magique pour se laisser porter dans l'univers merveilleux des contes d'hiver et de Noël :
Un brin de mystère,
Une once d'aventure,
Un soupçon de magie
Et une énorme dose de joie !
Sujet: Contes et poésies de Noël 
Dim 7 Mai - 5:31
